Itinéraire monodique
Marc Mauillon convie les discophiles curieux à un parcours vocal monodique (21 œuvres) à bâtons rompus, dans l’espace et dans le temps, associant musique sacrée et musique profane allant des chants de troubadours, en passant par Jehan de Lescurel et Guillaume de Machaut (Ars nova, XIVe siècle), jusqu’à notamment Giacinto Scelsi (1905-1988) et Georges Aperghis (né en 1945). Parmi les thèmes religieux figurent : Ave stella matutina, In paradisum, Parestosa (en grec, évoquant le Seigneur devant la croix)… ; parmi les thèmes profanes : la dame, l’amour, la flamme de l’amour, la jouvencelle, mais aussi les pleurs (Pétrarque) et, pour conclure : D’amour vient mon chant.
Ce parcours monodique semblerait insolite mais, d’entrée de jeu, sa motivation est précisée : « Ce récital s’inspire du livre The Songlines (1987) — en français Le Chant des pistes — de Bruce Chatwin (1940-1989), qui raconte la vibrante expérience de l’auteur anglais à la recherche des itinéraires chantés des aborigènes australiens ; ces itinéraires, véritables cartes permettant de se repérer dans le désert, sont l’héritage des ancêtres du « temps du rêve », car dans la mythologie aborigène, tout ce qui existe a dû être chanté pour être créé. Adapté au rythme de la marche, le chant est alors guide et allié dans ce milieu hostile ! » Le chanteur rappelle le rôle du chant dans sa vie : il « élève l’esprit et l’âme, guide et inspire, rassure et donne du courage, partage et rassemble… » (p. 4).
Parmi les mots-clés jalonnant la démarche de Marc Mauillon, figurent : solo, seul, itinéraire monodique… Il résume son propos en ces termes : « Le bonheur n’est pas au bout du chemin. Le bonheur est le chemin. Alors, en route ! ». " l’Education Musicale, mars 2017