Mots de festivalière Final

Publié le 14 août

Final

10 juillet, Guimaëc (notre QG), salle An nor Digor. Répétition pour la première fois avec les pros. Depuis janvier, nous, le Petit chœur d’amateurs, on le bosse dur avec Catherine, le Purcell. Pour la plupart d’ailleurs, on n’en avait jamais entendu parler avant, de ce Dioclesian. Mais Purcell, ça ne se discute pas. On y va. Alors quand on les a regardés, écoutés, eux, l’orchestre et les solistes, avec leurs t’shirts et leurs baskets, et leurs instruments célestes, et nous, derrière, attendant qu’on nous dise d’y aller, on était plutôt impressionnés. Mais on y est allés. Apparemment, c’était pas trop mal ce qu’on a fait. C’est ce qu’ils nous ont dit, les pros. Aussi doués avec la musique que sympas avec nous. Eux, ça faisait à peine trois jours qu’ils jouaient ensemble, et encore, pas tous. Ça rend modestes.
11 juillet, Plestin, l’église. La générale. On arrive avec notre tenue, notre gourde, notre tabouret, notre appréhension, notre excitation, notre partition (aussi). Derniers raccords, placements, entrée, salut, sortie. Ça se précise. Les pros, je ne sais pas ce qu’il y a dans leur tête, mais ils ont l’air de s’être donné rendez-vous pour une partie de volley entre potes sur la plage. Je sais, c’est sûrement un peu plus compliqué que ça. Clin d’œil avec Cyrille, le ténor, qui habite chez moi. – Ça va ? – Ça va. Il a troqué le sweat pour le petit gilet rétro. Très seyant. C’est pourtant le même.
Non, rien à voir. Il monte sur scène, et c’est en effet un peu plus compliqué que ça. Ça bascule. C’est un autre. Tous, Violaine, la soprano, Ariane, l’alto, Jeroen, la basse, et tout l’orchestre, ce sont d’autres personnes. Qu’on ne connaît pas. Pourtant, on a mangé à la cantine avec eux hier soir. Mais on ne les reconnaît pas. Là, maintenant, ils sont dans la musique. Seuls. En eux. Ensemble. Autres. Ailleurs. Loin.
Et puis ça commence. Pendant un peu plus d’une heure, une grâce, un miracle, dans le silence des colonnes de cette église bondée. Les cordes, la trompette naturelle et les hautbois, les voix, le clavecin cristallin. Tout s’envole, là-haut sous la voûte. À la fin, tout reste en suspens.
Et je me demande ce que je fais là. Si heureuse.
Puis tout redevient « normal ». Fracas des chaises qu’on range, du matériel qu’on démonte. Il fait chaud. On renfile les t’shirts. – Alors, c’était comment ? – Bravo ! – J’ai très envie d’une glace ! On flâne à la librairie éphémère. On va boire un coup. On retourne à Guimaëc, au bal qui commence bientôt.
Dioclesian, maintenant, ça nous dit un peu quelque chose.
Corinne