Quand la musique baroque dialogue avec la nature
A la fois familier et indéchiffrable, le chant des oiseaux ne cesse d’inspirer les compositeurs. Bien malin pourtant celui qui saurait noter avec précision ces pépiements qui égaient nos réveils campagnards. Alors chacun s’y essaie en se rattachant à une tradition ou en se fiant à son oreille et s’efforce de reproduire les sons de ces créatures tantôt purement distrayantes tantôt mystérieuses voire divines.
Les résultats sont variés et, tandis qu’Antonio Vivaldi s’amuse à faire des pépiements du chardonneret le moteur rythmique de son concerto, le Rossignol de Couperin nous émerveille par la richesse colorée de ses mélodies. William Williams, dans l’Angleterre des lumières, imagine, lui, une république des oiseaux où les différentes espèces dialoguent harmonieusement. Cependant la poule de Michel Pignolet de Montéclair picorant sous les murailles de Langres n’aurait guère pu échanger avec sa cousine autrichienne née sous la plumes d’Ignaz Biber tant leur langages paraissent différents.
L’envol des volatiles qui leur donne toute leur noblesse et leur nature incertaine, alimente également les compositions : image de l’annonciation portée par une blanche colombe, bruissement d’ailes symbolisé par des arpèges harmonieux et vifs qu’on retrouve tant chez Biber que Corelli.
Durant ce concert se rencontreront donc de nombreux artistes ailés et les poètes que les chantent. La flûte traversière ancienne – ou traverso – est bien sûr l’instrument de prédilection pour cette entreprise, entourée de cordes frottées ou pincées d’une plume…
Ma non troppo
Guillaume Handel traverso | Camille Ranciere violon | Manon Fritsch violoncelle | Clémence Schweyer clavecin